L’acte d’écrire

L’acte d’écrire est un mode de communication qui sera sans cesse en évolution au cours de notre existence. L’écriture suit notre cheminement personnel.

Pour l’enfant qui rentre à l’école primaire, c’est une étape importante que l’apprentissage de l’écriture, au même titre que la lecture.

Ces deux apprentissages le rapprochent du monde de l’adulte.

Graphothérapie - Sylvie Tramasure

La dysgraphie – les troubles de l’écriture

Définition de la dysgraphie

Dans son manuel de psychiatrie de l’enfant, J. de Ajuriaguerra (1956) définit l’enfant dysgraphique comme :  « tout enfant dont la qualité de l’écriture est déficiente alors qu’aucun déficit neurologique important ou intellectuel n’explique cette déficience ».

L’évolution de l’apprentissage de l’écriture ainsi que l’arrivée des nouvelles technologies ont amené Adeline Gavazzi-Eloy (2014) à définir ce trouble comme : « La dysgraphie est une incapacité significative à produire, à un âge donné, une écriture à la fois efficace (lisible et rapide) et satisfaisante pour le scripteur».

Des problèmes de dysgraphie peuvent apparaître brutalement au cours de l’existence; ceux-ci sont alors accidentels (maladie, traumatisme …).

Causes de la dysgraphie

1. La relation entre certaines dominances (droite/gauche) de l’œil, de l’oreille, de la main, du pied et de l’hémisphère cérébral peut également avoir une incidence sur l’apparition de troubles graphiques.

2. Un problème instrumental est dû à une mauvaise utilisation de l’instrument scripteur et à un mauvais agencement épaule – bras – main – doigts.  Celui-ci se manifeste lorsque l’enfant doit acquérir vitesse et efficacité.

3. Le bon apprentissage de l’écriture nécessite un certain nombre de pré-requis, à savoir :

  • Motricité générale,
  • Activités digitales fines,
  • Coordination oculomotrice et perceptivo-motrice,
  • Structuration corporelle et spatio-temporelle,
  • Schéma corporel,
  • Maîtrise du langage,
  • Discrimination auditive et visuelle,
  • Maturation du système nerveux.
  • Latéralité bien établie.

4. La précocité d’un enfant peut entraîner un désintéressement pour les travaux écrits dû à une dyssynchronie comme le soulignent de nombreux spécialistes dans le domaine (JC. Terrassier et O. Revol).

Graphothérapie - Sylvie Tramasure
Graphothérapie - Sylvie Tramasure

5. La dyslexie entraîne le plus souvent la dysorthographie. Les hésitations créent alors des gestes inadaptés.  Certains enfants camouflent leur difficulté par un graphisme malhabile.

6. Les enfants souffrant de dyspraxie ont des difficultés à exécuter des mouvements volontaires, l’apprentissage de l’écriture reste important même si beaucoup d’entre eux passeront au clavier à un moment de leur scolarité.

7. Les enfants confrontés à un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H)  ont une écriture plus irrégulière, saccadée.  Il semble plus difficile pour ces enfants d’acquérir une écriture efficace. Les automatismes graphomoteurs sont plus difficiles à intégrer.

8. Les problèmes d’ordre psychologique tels que manque de confiance en soi, estime de soi affaiblie, désir de non-communication, désir de non-grandir …

9. Un traumatisme peut entraîner une perte d’efficacité au niveau de l’écriture.  Il s’agit alors d’une dysgraphie post-traumatique.

Manifestations de la dysgraphie

En général, la dysgraphie se manifeste après l’apprentissage de l’écriture ou au début de l’adolescence.  Instituteurs et professeurs en connaissent bien les conséquences : difficultés de relecture, lenteur excessive entraînant travaux inachevés, cahiers mal tenus, peur d’écrire et/ou gênes physiques, illisibilité, écriture en miroir, …

Conséquences de la dysgraphie

L’enfant développe des complexes vis-à-vis de son écriture et appréhende de s’en servir.  Cela risque de le démotiver et de compromettre la poursuite de ses études, voire de l’orienter vers un type d’enseignement qui ne correspond pas à ses capacités réelles.

La rééducation graphique précoce

Certains enfants en fin de maternelle peuvent également avoir recours à une rééducation graphomotrice, la consultation est alors préventive.  Graphisme et motricité fine peuvent être préjudiciables à l’apprentissage futur de l’écriture, tout comme une mauvaise position des doigts, une crispation avec ébauche de crampes, d’éventuelles troubles liés à la gaucherie.  Enfin, elle peut guider l’enfant pour qui le choix d’une main est difficile.

Ce travail a alors pour but d’aider l’enfant à entreprendre l’apprentissage de l’écriture avec confiance et sérénité dans les mois qui suivront.

Graphothérapie - Sylvie Tramasure

L’examen et le bilan graphique

Afin d’établir un bilan, le graphologue-graphothérapeute veille à situer d’abord l’enfant dans son cadre de vie. Le professionnel fait une auto et hétéro anamnèse la plus précise possible. Il effectue ensuite une série de tests graphiques qui situe le patient dans son évolution personnelle en appréciant : sa stabilité, son tonus, son schéma de dominance, ses possibilités de coordination et de dissociation, l’existence de syncinésies, son orientation temporo-spatiale, l’assimilation de son schéma corporel, sa latéralité, son rythme, , …

Différents tests graphiques permettent au graphothérapeute spécialisé de préciser le degré de dysgraphie ainsi que le ou les problèmes rencontrés par l’enfant ou l’adolescent.   L’échelle ADE s’inspire des dernières recherches sur l’approche dynamique de l’écriture en tenant compte de la complexité de la relation écriture scripteur.

La rééducation graphique ou graphothérapie

Suivi personnalisé

Les éléments déficients mis en évidence par le graphothérapeute lors du bilan orienteront le travail à entreprendre.  Chez les plus jeunes, il s’agit du renforcement de certains prérequis non assimilés.  Chez les plus âgés, il s’agit de travailler : la vitesse et/ou le rythme, la posture de l’ensemble épaule – bras – coude – poignet – doigts, la pression, les pré-requis graphiques (cercle, droite, arcade, courbe …).

Graphothérapie - Sylvie Tramasure

Les techniques utilisées

Elles sont multiples, adaptées aux difficultés, à l’âge et aux affinités de l’enfant : relaxation et brain-gym, latérapédagogie, exercices de motricité, exercices de contrôle de pression, exercices de respiration rythmée, exercices grapho-moteurs, manipulations diverses avec leur perception sensitive, jeux d’adresse, jeux de mémorisation visuelle et auditive, jeux graphiques généraux et spécifiques, exercices de calligraphie avec diverses techniques (tableau, peinture, craie, pastel, crayon, plume ancienne…).

Le rythme des séances

Les séances sont ordinairement hebdomadaires et durent 40 minutes.

Conclusions

La graphothérapie est à l’écriture, ce que la logopédie est à la parole.
Elle restitue à l’écriture sa mission première : la communication.

Enfin, la graphothérapie est un travail individuel et personnalisé qui permet d’aider l’enfant à acquérir une écriture rapide et lisible, tout en respectant sa personnalité. Le graphothérapeute l’aide à (re-)découvrir le plaisir d’écrire par des techniques diverses et des exercices variés.